mardi 12 mai 2009

Le Victorinox.


Ce que je m'apprête à écrire, c'est encore quelque chose qui me travaille depuis un moment, un long moment. J'étais au Chili, au restaurant Victorinox avec mon épouse et des amis, Vivian et Rodolpho. Une fin d'après midi sympathique dans une insouciance la plus totale, une pensée ne trouvait place dans cette joyeuse et naîve soirée; Du pur bonheur comme l'appele certains, de l'inconscience comme disent les rabats joie. Le Victorinox est un très agréable restaurant, méné par une troupe d'argentins dans Santiago, un repère très convivial. Non loin une église, d'ailleurs ce soir là, un homme était en train de se pendre. Le diner fut un délice et les boissons toutes aussi délectueuses, un enchainement de nectars maintenant l'insouciance à son apogée. Malgré cela je vous rassure, aucune jovialité provenant d'un quelconque hydromel local, rien qui ne m'écarte d'une lucidité des plus normale. Rires, cynismes et ironismes, moqueries en tout genre, comme si de rien n'était. pourtant dans la rue, les choses ne sont pas les mêmes. En sortant nous avons, je dirai plus que j'ai découvert une triste vérité. Habitué au "Happy end" de nos chefs d'oeuvre cinématographiques d'outre atlantique, de ma conception du monde je pensais que les pauvres étaient heureux de l'être, vivant dans une insouciance de pauvre comme nous vivons dans une insouciance de riche. Sous les lampadaires oranges de la rue, sous un arbre frêle était assise une mère, jeune d'une vingtaine d'années. A son côté il y avait le container de déchets du restaurant. Jusque là rien de choquant, des paumés, il y en a beaucoup! Mais la chose qui m'a retourné, c'est de voir sortir deux enfants, de cinq ou six ans, jouant dans la nuit avec une insouciance. Sur sa chaise pliante de camping, seule richesse matérielle de cette mère, elle décortiquait les restes des plats jeter par mes compagnons de société. Je ne peux oublier son regard, son visage, les deux enfants jouant comme si rien n'avait emprise sur eux, dans leur monde imaginaire d'une boite en carton, futur dortoir d'une nuit. La nuit m'a semblé plus claire, je voyais alors mes enfants dans ce carton, qui jouaient dans l'insouciance.Aujourd'hui des questions demeurent: Qui est le plus insouciant? Ces enfants ou nous? Cette mère? Je ne sais plus vraiment. Ceci ne m'empêche pas de dormir la nuit, mais cela était de ma faute, je ne fermerai pas l'oeil.Pour une fois, mon oeil n'a pas photographié par pudeur, par décence, par respect, et par honte.

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